La seconde journée promettait d’être ennuyeuse le matin et intéressante l’après-midi. Elle a tenu ses promesses. Mais elle a eu le mérite de nous avoir fait perdre toutes nos certitudes. Les pays qu’on imaginait hauts ne seront pas aussi hauts que prévus et ceux qu’on pensait voir terminer très bas risquent de ne pas être si bas que ça. Bref ce qui semblait être l’ordre naturel des choses est bouleversé. On va avoir des surprises cette année.
On prend nos marques, mais c’est quand même dur le matin. Réveil à 7h pour chopper le Shuttle Bus pas loin de la gare centrale, puis une heure de trajet puisque le bus fait le tour des hôtels de la ville. Ensuite file d’attente pour entrer dans le centre de presse puisqu’il n’y a qu’un seul portique de sécurité. S’ils n’en n’ajoutent pas un ou deux de plus les prochains jours on est mal. Les Français se sont regroupés dans un coin. Une fois sur place on prend notre café, on sort les pc portables et on regarde les répétitions diffusées sur écran et qui démarrent à 10h pile. Chaque délégation dispose de 30 minutes pour sa première répétition. Puis la délégation fait son débrieffing avec l’équipe technique. Ensuite c’est le Meet & Greet, c’est-à-dire une petite conférence de presse, avant quelques interviews pour la presse nationale et internationale (pas très nombreuse pour le moment) et les habitués (ESC Radio ESC Extra, ESC Today, Oikotimes, etc …)
Un petit mot sur nos hôtes pendant les conférences de presse : il s’agit pour la première partie de la journée d’Ulla Essendrop et pour la seconde partie d’Abdel Aziz Mahmoud, tous les deux journalistes à la DR. Ils sont plutôt pro et sympathiques et doivent répéter au début de chaque conférence que les flashs sont interdits et que les téléphones doivent être coupés, ce qui occasionne des moments amusants car on commence à les chambrer sur le sujet. L’interview est diffusée en direct sur Eurovision.TV et les internautes sont invités à poser des questions sur Twitter et Facebook. Et j’en profite, avec une demi-douzaine de questions dans la journée je suis dans le Top 3 des questionneurs avec l’inévitable Australien Alistair Birch et le Polonais Szymon Stellmaszyk, mais devant JP Böring.
Les deux Stéphane sont à l’affut du moindre CD mais les pigeon holes restent désespérément vides depuis deux jours. Pas d’arrivage de gros cartons remplis de ces magnifiques CD promos qui font leur bonheur chaque année. Devant leur mine déconfite et leur regard triste, un membre de la délégation russe a eu pitié et leur a fait l’aumône du CD des Tolmachevy Sisters. Que voulez-vous c’est la crise et de moins en moins de délégations éditent en CD le titre qui les représente. Résultats, le matériel promotionnel se fait rare. Et j’imagine… A la suite d’une victoire française, nos deux amis ont demandé d’être volontaires pour la gestion des pigeon holes, et au dernier moment on leur annonce qu’à la suite du manque de produits promotionnels les pigeon holes sont supprimés et eux mutés à la cafétéria.
Mais revenons au spectacle. La matinée a donc commencé avec la moldave Cristina Scarlat accompagnée de trois danseurs, ce qui est une mauvaise idée car les acrobaties de ces danseurs éclipsent totalement la pauvre Cristina, décidément bien transparente. La Moldavie est en danger cette année et une place en finale sera difficile à accrocher. On a eu un peu pitié à la conférence de presse quand on a demandé à Cristina ce qu’elle a fait en premier en arrivant à Copenhague. Réponse : Manger, car la nourriture est très chère chez eux. On comprend pourquoi les moldaves sont toujours les premiers à se précipiter sur le buffet pendant les soirées.
Puis ce fut Saint-Marin. Bon, nous on l’aime bien Valentina et sa chanson « Maybe » est pas mal, mais elle en fait des tonnes sur scène et encore on n’a pas eu le ventilo qui était en panne. Sa prestation gagnerait avec un peu plus de sobriété. En plus on lui a mis en fond une espèce de coquillage dont la signification m’a quelque peu échappé. Bref je suis inquiet pour Valentina car je crains de la voir éliminée pour la troisième fois consécutive et même finir dernière de sa demi-finale. On sentait de l’émotion pendant sa conférence de presse, Valentina était très heureuse d’être là. Elle fait un peu partie de la famille et on la retrouve comme une bonne copine qu’on n’a pas vu depuis longtemps. La palme du mauvais goût est pour deux russes qui ont demandé à Valentina une photo d’elle tenant le drapeau russe. Après la Crimée, la Russie aurait-elle des visées sur le petit état San Marinais ?
Ensuite le Portugal nous a offert une performance plutôt intéressante. La mise en scène reprend en gros celle de la sélection, mais la grandeur de la scène donne à la prestation plus d’ampleur. C’est très coloré et plutôt bien chanté. Bref alors que ce titre m’insupportait depuis sa sélection, je me mis à fredonner « Yo quiero ser tua » toute la matinée. En plus Suzy est adorable donc ça aide à apprécier ce qu’il y a quelques jours j’appelais encore une horreur.
Je trouve la chanson hollandaise toujours aussi ennuyeuse, mais la prestation est plutôt classe et mettre les deux interprètes face à face donne un très bon visuel à l’écran. Toutefois je ne vois pas ça marcher au télévote. S’ils ont des points ils les récupéreront auprès de jurys bobïsés. A la conférence de presse ils se sont montrés confiants certains d’être en finale, comme Anouk.
Le Monténégrain Sergej Ćetković est venu pour faire le job. Il l’a fait. Il devrait, si tout va bien, qualifier enfin son pays en finale. C’est propre et avec une patineuse en fond ça donne même du cachet. En conférence de presse Sergej, très coquin, a affirmé qu’il se qualifierait et même gagnerait le concours car les ballades balkaniques arrivent à toucher les gens au cœur.
Et puis ce fut mon chouchou, Andras Kallay Saunders. Prestation impeccable, meilleure qu’à la sélection. Il est accompagné de deux danseurs représentant la jeune fille persécutée par son bourreau d’enfant et son agresseur. Il y a aussi certainement de deux ou trois choristes planqués derrière la scène. C’est d’ailleurs une constante cette année, on cache les choristes. C’est sans doute difficile de reconnaître que l’interprète principal est parfois un peu juste vocalement parlant. Mais revenons à Andras, qui est lui parfait vocalement (mes amis sont moins catégoriques). Comme dirait Ethan, moi j’adore. Il y a un plan où on le voit courir sur l’avant-scène qui est très efficace à l’écran. La prestation se termine avec la jeune fille qui vient se blottir dans les bras d’Andràs qui repousse son tortionnaire. Bref pour moi il y a tous les ingrédients pour gagner. En conférence de presse Andràs a mis du temps pour se détendre, mais il est heureux d’être à l’Eurovision et a même chanté à capella. Il sait qu’il figure parmi les favoris mais préfère rester modeste, même s’il serait fier de ramener le trophée à Budapest. C’est tout à son honneur, d’autant plus qu’il a de qui tenir puisqu’il compte dans sa famille un ancien ministre hongrois. Sa maman est, je le rappelle, un célèbre mannequin hongrois et son papa un grand producteur de musique américain. Il a d’ailleurs tenu à dire qu’il n’avait jamais sollicité son père pour l’aider dans sa carrière.
Bonne surprise aussi avec Malte. La chanson m’insupportait, mais après l’avoir vu sur écran et entendu, j’ai été plutôt séduit, comme le centre de presse qui a applaudi. C’est frais et on y retrouve tout ce qui a fait le succès de Gianlucca Bezzina l’an passé. Alors Malte en finale, je dirai oui, mais attention car je crains que le passage en première position ne soit fatal aux maltais. Mais je connais l’attachement d’une certaine Aurélie à ce petit pays méditerranéen alors je vais dire oui à Malte.
Israël était le pays suivant. Tout le monde a été conquis sauf moi. Il y a dans cette prestation tout ce qui plaît à Ethan, avec un max de suédoiseries (la longue chevelure, les danseuses qui apparaissent brutalement à l’écran, la chorégraphie sophistiquée avec le grandes enjambées sur la scène), et pourtant je trouve ça plutôt moyen car pas très bien synchronisé. Mais Mei a de la voix et ça devrait suffire pour l’emmener en finale. Pour gagner c’est autre chose, même si, elle l’a clairement affirmé, elle vient pour gagner.
Il paraît que la prestation du norvégien est toujours aussi émouvante. Mais si j’aime bien je trouve ça exagéré. Reste que c’est toujours une bonne chanson et que pour une fois on a une prestation sobre, avec quand même un peu de fumée au sol. A la conférence de presse on a réussi à arracher quelques sourires à Carl Espen ainsi qu’a sa cousine Veronica qui a composé sa chanson, ce qui est exceptionnel. Il paraît que Carl était plutôt stressé pour cette première répétition.
Que dire sur la Géorgie ? Rien. Moi j’appelle ça une bouse. Franchement si ça passe en finale c’est un scandale car ça ne le mérite absolument pas. L’intro est toujours interminable et la chanson aussi. Comme dit Fabrice on a l’impression que ça dure 20 minutes. Bref s’il nous reste trois minutes à vivre c’est surtout pas cette chanson qu’on veut écouter. Ce fut aussi la pire conférence de presse de la journée. Les Shin et Mariko se sont bien trouvés, ils sont tous complètement frappés. Alors mesdames et messieurs des jurys mettez votre côté bobo de côté pour cette chanson, et quand à la diaspora géorgienne elle est priée de regarder autre chose que la demi-finale de l’Eurovision le 8 mai prochain.
Le meilleur était pour la fin. La prestation de la Pologne fut grandiose. Cléo est accompagnée de trois danseuses qui font tourner leurs jolies robes rouges traditionnelles, mais aussi de deux jolies jeunes filles au décolleté très avantageux, demoiselles qu’on a l’impression d’avoir déjà vu dans le clip et qui sur les deux avant-scènes s’occupent l’une de frotter le linge et l’autre de battre le beurre. Ce fut la prestation la plus applaudie du centre de presse et il y avait foule pour assister à la conférence de presse à 20h20, heure à laquelle d’habitude la grande partie des habitués est déjà partie. Cerise sur le gâteau, alors que Donatan avait annoncé qu’il ne viendrait pas à l’Eurovision, il était là en chair et en os, avec comme tout bon rappeur la casquette sur la tête et les lunettes de soleil sur le nez alors que la luminosité de la salle ne posait pas, à mon sens, de problème d’éclairage trop puissant.
Alors que certains interrogeaient les polonais sur le caractère soi-disant (bon on va dire un peu quand même) sexiste de la prestation, Donatan a répondu qu’il défendait juste les valeurs des slaves qui ne doivent pas oublier les manières de vivre de leurs mères et grand-mères et même en être fier (hum hum). Heureusement que notre ami Szymon Stellmaszyk, journaliste polonais, habitué des conférences de presse, était là pour la traduction. Quoi qu’il en soit, on a senti un véritable engouement pour la Pologne. Presse, fans et volontaires, tous ont voulu leur photo avec Cléo, Donatan et leurs cinq danseuses, même l’animateur de la conférence de presse d’Abdel Aziz Mahmoud ! Bref nous quittons le centre de presse en nous disant qu’il se passe quelque chose du côté de la Pologne. Un effet Lordi ?
Israël j’adore ! ;-)
La Pologne je dis non par contre !
Mais si la Pologne c’est bien !
Olivier tu as raison la Pologne me semble très bien. Sans doute le plus gros engouement auprès des volontaires sur place !