Suède

Si la Grèce n’est pas aphrodisiaque, la Suède, quant à elle, est positivement euphorique face à cette nouvelle victoire nettement acquise par Loreen, qui place le pays de Vikings et d’ABBA à égalité de victoires avec le Royaume-Uni et la France.

Si la brune suédoise (décidément, tous nos modèles volent en éclats…) a déchaîné les passions et les votes le soir du Concours, Fabien Blanckaert relevant qu’elle bat le « record du plus grand nombre de « 12 » avec18 notes maximales », elle déclenche moins de commentaires enflammés chez les eurofans, puisque seulement 35 commentaires sur 87 bulletins ont été comptabilisés, lesquels sont toutefois très majoritairement positifs.

Mais la majorité n’étant point l’unanimité, il y a des fans qui n’aiment pas, voire détestent, pour ne pas dire qu’ils abhorrent « Euphoria ».

Si Stéphane Pereira prend toutes les précautions oratoires et stylistiques en prévenant qu’il va « déchainer un torrent de commentaires » en affirmant qu’il n’aime pas la chanson a cause de la voix de Loreen qui « ne chante pas mais hurle » (elle a pris exemple sur l’albanaise ?) ; Stéfan Ducher y va direct en lançant un « c’est quoi cette gitane, avec son chiffon en guise de robe, elle pourra faire de la pub pour Pliz » que n’aurait pas renié le ministre de l’Intérieur… Ce qui est certain pour Emmanuel Augereau, c’est qu’à y « regarder de près, c’est finalement une chanson très dépressive musicalement, vocalement et chorégraphiquement [puisque] physiquement et gestuellement, Loreen aurait pu jouer dans la planète des singes », impression simiesque que ne partage pas Laurent Ots, plutôt porté sur la marée puisqu’il estime que Loreen exécute « la danse du crabe », alors qu’Hugues Dietlin y verrait « plutôt une vague imitation de théâtre Kabuki ». Et ça, c’est nippon ni mauvais…

Quant à lui, Jeff Favreau se demande encore « comment une chanson aussi insipide avec une interprète quasi-gothique a-t-elle pu ravir les jurys » puisque pour Jeff « « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir », et pourtant même si « noir c’est noir », elle a eu la victoire ». Dégoût et des couleurs…

Plus mesuré, Nicolas Lecoq remarque que toutes les prestations live de Loreen « étaient exactement chantées et dansées de la même façon », ce qui laisse planer des doutes sur la conviction de l’interprète, « tellement c’était machinal ».

Ce « quasi copié collé du Melodifestivalen » ravit Juan Lopez-Martinez qui a « rarement vu une interprétation aussi parfaite dans ce Concours », « tellement supérieure » de l’avis de Jean-Charles Prioux, « une prestation envoutante et habitée » qui a émerveillé Philippe Dupont, voire « une prestation de haute volée » ayant séduit Nisay Samreth ou encore une « très belle prestation » qui plaît à Charles-Olivier Pons ; bref, « une belle performance qui sort du lot » à en croire Patrice Di Giacomo et qui a « tout pour gagner » de l’avis de Christophe Guillaumond.

La mise en scène séduit beaucoup, même si Lisa Sebestyén avoue n’avoir « jamais compris sa chorégraphie (elle chasse les mouches ou quoi ?) », « une chorégraphie magnifique, un peu gothique, mystérieuse, un vrai spectacle mélangeant l’intime au feu d’artifice de mouvements aériens et vaporeux » qui comble d’aise Hervé Chambrion. Bref, « c’est moderne, original, chamanique, onirique » pour un Guy Carrillo peu avare d’épithètes flatteurs, là où Ali et Rouba Durgut osent un « super » nettement plus sobre.

Ce qui est certain, c’est que la chanson suédoise « détenait la recette magique pour gagner », souligne Christophe Styns, puisque « tout y était : chanson mise en scène, présence et charisme » au goût de Fabrice Fleury. Et la victoire est normale, « annoncée, attendue, espérée par beaucoup et donc logique au bout du compte » résume Pascal Cazin, puisqu’enfin, on couronne au Concours « un nouveau style de musique » selon Guy Barbarino et l’on instille « un peu d’innovation à l’Eurovision », ce qui a le don de réjouir Cyril Costesèque qui espère que tout cela va donner « des idées aux autres pays à l’avenir ». Attendez-vous donc à voir débarquer comme l’indique Alain Mailfert des « looks de sorcière captivante, des voix hyper-prenantes et des univers de couleurs et de nuances en parfaite harmonie ».

Oui, un look un peu « Miss Tick » pour Loreen, « superbe » à en croire Stéphane Laurent, « mystérieuse comme il faut » pour Nicolas Corroyer, « à moitié dans le noir avec une chorégraphie sobre mais millimétrée » de l’avis de Francis Rolo, voire même « un mix de Catherine Lara et Lady Gaga » pour Philippe Gauzy.

Certes, « on ne comprenait pas toujours tout » constate Emmanuel Jaccard, mais Loreen méritait la victoire puisqu’elle a présenté « une chanson efficace, que l’on retient » de concert avec Christophe Hermès et Pauline Halimi qui loue la « chorégraphie remarquable », un titre que Jean-François Rivas « écoute en boucle depuis plusieurs mois ».

Bref, une pure euphorie…