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Quand Zoé Clauzure, lauréate de l’Eurovision Junior 2023, et Slimane, représentant français à l’Eurovision 2024, ont été réunis sur la scène des Previews, nous espérions tous que cette rencontre soit également le passage de témoin d’un gagnant à un autre gagnant.
2024 sera une édition qui marquera. La désignation de Slimane pour porter les couleurs françaises à Malmö a suscité de l’espoir mais aussi de la fierté. Qu’un artiste aussi renommé accepte de représenter la France est inédit. Cela prouve que l’Eurovision est un évènement majeur incon-tournable et que les artistes français, y compris les plus célèbres, considèrent désor-mais que tenter l’aventure peut avoir de l’intérêt. Nous avons tout à y gagner, car un artiste confirmé, c’est aussi toute une équipe de professionnels derrière, des gens du métier qui ont l’expérience et qui sauront proposer la bonne chanson.
Au moment où je rédige cet édito, Slimane n’est pas le favori, mais il est en bonne place derrière la quintette Suisse Croatie Italie Pays-Bas et Ukraine. Néanmoins, dans un Concours où la plupart des chansons sont up-tempo, où le nombre de ballades est réduit à portion congrue, trois, dont il n’est pas certain qu’elles seront toutes en finale, celle de Slimane, objectivement la meilleure des trois, peut tirer son épingle du jeu.
Un bon, voire un très bon résultat est envisageable. D’abord parce qu’on voit mal les jurys professionnels, sensés juger les qualités vocales des candidats, bouder notre représentant. Surtout si, comme l’an dernier, ils donnent un avantage à l’expérience en votant pour des artistes confirmés.
Reste le public et les téléspectateurs. Ils saisiront vite le sens de la chanson. « Je t’aime » et « Mon amour » sont les mots les plus connus de la langue française. À Slimane de faire passer le message avec l’émotion qu’il faut, ni trop peu, ni pas assez. On espère que pendant trois minutes un frisson parcourra toute la Malmö Arena, et, par la voie des ondes, traversera les frontières et pénétrera dans les foyers européens.
La chance de Slimane est que l’Eurovision 2024 semble très ouvert. Les bookmakers ont beaucoup changé d’avis, au gré des révélations des chansons et des premières prestations, notamment lors des pre-parties. L’Ukraine, la Croatie et la Suisse ont tour à tour occupé la première place des parieurs. Slimane lui-même a fait le yo-yo entre la 6ème et la 10ème place. Rappelons qu’en 2021, ce n’est qu’une semaine avant la finale du Concours que les Italiens Måneskin ont grimpé à la première place des bookmakers.
Alors, qui, hors Slimane, pour succéder à Loreen sur la couverture du prochain Cocoricovision, arboré ci-contre par les représentants suédois Marcus & Martinus, qui rêvent, on l’imagine, d’un doublé ?
Le sympathique Suisse Nemo propose un titre certes décousu, mais marquant et original, puisant son inspi-ration lointaine dans les mélanges innovants de Freddie Mercury. L’énergique Croate Baby Lasagna a réussi l’adaptation à la mode adriatique du « Cha Cha Cha » finlandais de 2023. La charmante italienne Angelina Mongo a pris le contre-pied des habituelles ballades transalpines pour proposer un titre latino très efficace. Les Ukrainiennes Alyona Alyona et Jerry Heil ont fait le pari du mélange des genres et de l’émotion. Le Néerlan-dais Joost Klein a tout misé sur une ambiance festive pleine de joie et de bonne humeur. La Grecque Marina Satti propose un audacieux titre mêlant musique urbaine et folklore grec. Le Belge Mustii est convaincant et le final de sa chanson est extrêmement puissant. Le duo Arménien Jako mélange à la perfection les sons bolywoodiens avec le folklore arménien.
Les lignes vont encore bouger quand on découvrira les prestations et l’impact de la mise en scène sur chacune. C’est tant mieux. Il n’y a rien de pire qu’un Eurovision dont le gagnant est connu à l’avance.
Farouk Vallette
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