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Ce samedi 22 mai, dans le centre de presse de l’Ahoy, à quelques minutes de l’annonce du résultat final, ma calculette à la main, je me demande si je rêve quand Jan Smit annonce « Italy is in the lead, but three countries still haven’t received their points from the public yet : Malta, France, and Switzerland ». La France est sixième. Elle n’a pas encore reçu ses points du télévote et se trouve mathématiquement en capacité de remporter le Concours. C’est une incroyable émotion, que je n’avais plus vécu depuis 1991. Certes, il faudrait que Barbara, qui a recueilli 248 points, ce qui est déjà fabuleux (et lui garantit, sauf incroyable retournement de situation, de battre le record d’Amir en 2016, soit 257 points), obtienne du public 277 points. Difficile, car, après avoir attribué 318 points à l’Italie, le public n’a plus que 463 points à donner, mais jouable, d’autant plus que Jan annonce que Malte ne reçoit que 47 points. Il reste 416 points pour France et Suisse. La parole est à Chantal Janzen : « France, the public has decided to give you… two hundred… and… fifty one points ! »
Raté, mais d’un chouia, 25 malheureux points. Les quelques points que certains jurys professionnels (tu parles !) et ingrats ne nous ont pas donnés. Alors en bon Français bien énervé, je m’en prends à ces jurys de pacotille : Pologne (c’était bien la peine d’avoir déclaré la guerre pour eux en 39), Belgique (je suis allé dire ce que je pensais de son jury à un journaliste belge qui suivait la diffusion du Con-cours à quelques tables de la notre), et Géorgie (après tout ce que Sarkozy a fait pour les sauver en 2008). Je n’oublie pas le jury russe, qui n’a rien trouvé de mieux que de donner ses 12 points à la Moldavie (non mais allo !) ou ni le danois, qui en bon pays scandinave sert d’abord ses voisins : Islande, Finlande, Suède, Norvège, ils ont tous eu des points. Je me lamente aussi : « Ah, si les Arméniens avaient été là ! »
Mais bon, après quelques minutes je me suis calmé. Tout simplement parce que la victoire italienne est méritée car largement plébiscitée par le public. Et comme je milite pour la fin de ces jurys, que j’estime si peu professionnels dans leurs jugements (voir « Les Tops et les Flops »), je ne peux que me féliciter que le gagnant du public soit aussi celui qui a remporté le trophée, contrairement à il y a deux ans. Bravo donc à Måneskin qui a fait triompher le rock à l’Eurovision.
On n’a pas gagné mais on peut être fier de notre représentante. Barbara Pravi a porté haut et fort nos couleurs. Son attitude tout au long de l’Eurovison et le soir de la finale dans la green room a été exemplaire. Sur scène elle a tout donné. Dans les coulisses ou face à la presse elle est restée joyeuse, souriante et accessible. Intelligente, elle a toujours su trouver les mots justes pour s’exprimer, avec des attentions pour les uns et les autres, malgré la pression, malgré la fatigue et même malgré la déception. Juste après la finale dans le centre de presse, c’est elle qui nous consolait ! À n’en pas douter c’est une grande artiste, à qui je souhaite un grand succès après la sortie de son album « On n’enferme pas les oiseaux », et que j’irai applaudir avec plaisir au Trianon le 2 février prochain puis à l’Olympia le 5 décembre 2022 .
Barbara Pravi et toute la délégation française nous ont fait vivre une de nos plus fabuleuses aventures de l’Eurovision. Échaudé par trois décennies de déceptions qui m’ont rendu très prudent, je n’avais pas imaginé qu’on puisse gagner, même si je le souhaitais très fort. Cette heure de cérémonie des points a été l’un de mes plus fabuleux moments d’Eurovision. On a cru à la victoire, on l’a frôlée, on a même mené un temps. C’est un incroyable sentiment. Je repense à ceux que j’enviais : les Autrichiens en 2014, les Portugais et les Bulgares en 2017, les Néerlandais en 2014 et 2019. Quel plaisir d’assister à la cérémonie des points sans être un simple spectateur mais de vibrer en se sentant concerné, avec en plus cette avalanche inédite de 12 points qui nous tombent dessus !
Maintenant France 2 ne peut plus revenir en arrière. Elle doit poursuivre ses efforts pour nous maintenir au Top de l’Eurovision. Finis les Amandine Bourgeois, Twin Twin (que j’adore) ou Lisa Angell. Amir, Alma et Madame Monsieur ont ouvert la voie. Et Barbara Pravi vient de démontrer que jurys et public peuvent se retrouver et s’accorder sur une chanson française en français. Il n’y a pas de fatalité française à l’Eurovision.
Maintenant France 2 ne peut plus revenir en arrière. Elle doit poursuivre ses efforts pour nous maintenir au Top de l’Eurovision. Finis les Amandine Bourgeois, Twin Twin (que j’adore) ou Lisa Angell. Amir, Alma et Madame Monsieur ont ouvert la voie. Et Barbara Pravi vient de démontrer que jurys et public peuvent se retrouver et s’accorder sur une chanson française en français. Il n’y a pas de fatalité française à l’Eurovision.
Dans un peu plus de deux mois la France sera à nouveau à l’honneur à l’Eurovision puisqu’elle organise à côté de Paris, à La Seine Musicale, le prochain Eurovision Junior. Décidément cette année 2020-2021 sonne incroyablement français !
Farouk Vallette
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