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« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre … » disait Charles Aznavour dans « La bohême ». Et bien moi je vais vous parler d’un temps que les moins de vingt-sept ans ne peuvent pas connaître. Un temps où il fallait attendre les derniers votes pour savoir si la France allait remporter (ou pas) le Concours Eurovision, ce qui procurait ces intenses émotions que l’on pense aujourd’hui réservées uniquement aux Suédois, aux Ukrainiens ou aux Russes. Ce temps semble révolu.
Le dimanche 25 novembre 2018, dans la Minsk-Arena, le taux d’adrénaline des eurofans français, qui avaient fait le déplacement dans la capitale biélorusse, est monté à son plus haut niveau depuis 1991. Il en fut probablement de même chez les téléspectateurs de France 2 aux quatre coins du pays. La France était en tête de l’Eurovision Junior et on attendait le dernier vote pour savoir combien de points la Pologne allait récolter. Malheu-reusement, cette dernière en a engrangé suffisamment pour nous passer devant et remporter de douze petits points ce concours. À la légitime déception a succédé malgré tout une grande satisfaction. 2ème à l’Eurovision, même si c’est au Junior, c’est inespéré tant notre pays y a connu de déconvenues depuis vingt-sept ans. Ces émotions resteront un immense et merveilleux souvenir, mais surtout elles ont démontré que la France peut et veut remporter l’Eurovision.
Cette deuxième place n’est pas due au hasard, car « Jamais sans toi » cumule tous les ingrédients qui font un succès à l’Eurovision. Il y a d’abord une bonne chanson, simple mais efficace. Il y a ensuite une (très) jeune chanteuse déjà talentueuse, Angélina, et des danseurs, Albane et Léo, incroyables de professionnalisme. Enfin, à la manœuvre, il y a toute l’équipe qui les a entourés et bien sûr notre nouveau chef de délégation Steven Clerima. Un chef de délégation qui est conscient que pour qu’un projet soit abouti, il faut travailler. Beaucoup travailler. Un mois avant cet Eurovision Junior, lors de la conférence de presse, Angélina avait déclaré qu’elle avait commencé à répéter. Ça m’a surpris. Car voir la France répéter presque un mois avant d’embarquer pour la ville hôte, c’est inédit.
Ce processus de retour de la France à l’Eurovision s’est enclenché sous l’impulsion de Nathalie André lorsqu’en 2015 Edoardo Grassi, qui venait d’être nommé chef de délégation, et Steven Clerima, qui allait prendre en charge la coordination de l’équipe, ont été dépêchés à Sofia pour assister à l’Eurovision Junior. Trois ans plus tard on ne peut que constater que le bilan est excellent. La France s’est réconciliée avec l’Eurovision, les audiences sont bonnes, le public se prend à nouveau de passion pour le Concours et ces trois dernières années nous avons obtenu un classement dans la première moitié du tableau, ce qui est synonyme d’un Eurovision réussi.
Destination Eurovision est un maillon essentiel du dispositif Eurovision de France 2. Pour sa seconde édition la production a proposé un plateau extrême-ment relevé, avec en prime des stars. Au moment où les noms des 18 artistes en compétition ont été révélés, il était bien difficile de deviner qui allait remporter le ticket pour représenter la France en mai prochain à Tel Aviv et jusqu’au dernier instant le résultat est resté indécis.
En proposant au public de participer à la sélection du représentant français à l’Eurovision et en pérennisant le programme, France 2 a suscité un regain d’intérêt pour le Concours chez un public qui le regardait de manière distante et avec indifférence : les jeunes. Il suffisait de voir la composition du public sur le plateau de Destination Eurovision et d’observer l’intense activité sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre. Car finalement, en dehors des grandes compé-titions sportives, l’Eurovision est le seul évènement qui engendre autant d’intérêt voire de passion. Quel programme âgé de 63 ans peut en dire autant ?
Ce retour de la France a généré la satisfaction de l’UER. La présence sur place du superviseur exécutif du Concours Eurovision Jon Ola Sand, pour la seconde année consécutive, est bien le signe que l’UER attend que notre pays reprenne toute sa place à l’Eurovision. Car la France n’est pas un pays comme les autres. Elle partage avec le Royaume Uni et peut-être l’Italie une spécificité : l’exigence. On attend beaucoup de notre pays. Trop ? peut-être …
Avec Destination Eurovision, la France est définitivement entrée dans le monde 2.0. L’adhésion du public français à Madame Monsieur en 2018, puis à Bilal Hassani en 2019, deux candidats très impliqués sur les réseaux sociaux, en est la parfaite illustration.
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En remportant Destination Eurovision, Bilal Hassani va donc nous représenter à Tel Aviv. Il peut compter sur le soutien du public français et évidemment des eurofans qui viendront en nombre le soutenir à Tel Aviv.
Une étape a été franchie, mais il y en a d’autres. Bilal, son entourage et la Team Eurovision de France 2 doivent tous ensemble travailler dès maintenant pour aborder la quinzaine de Tel Aviv dans les meilleures conditions. Parce que Miki, Mahmood, Michael Rice ou Sergueï Lazarev – pour ne citer que les premiers concurrents du Concours 2019 connus – ne nous feront pas de cadeau. Le parcours du combattant ne fait que commencer !
Farouk Vallette
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