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« Tu fais quoi ce soir ? », « Je regarde la demi-finale française ». Ce dialogue improbable entre deux eurofans était encore de la science-fiction il y a quelques mois. Mais grâce aux efforts conjugués de France 2 et d’ITV Studios France il est devenu réalité en ce mois de janvier 2018. Le résultat a été au-delà de nos espérances. D’abord par le choix des chansons, pour la plupart actuelles et pour certaines avec un potentiel Eurovision indéniable; ensuite par le choix des artistes, certains ayant un univers artistique fort, une personnalité et de l’expérience; enfin grâce à une réalisation qu’on avait peine à imaginer sur le service public ou sur une quelconque chaine française et qui vient démontrer, à ceux qui en doutaient, que la France est prête à organiser le Concours et qu’elle n’aura pas besoin d’être aidée dans cette tâche.
En définitive nous avons assisté à deux demi-finales fabuleuses et à une finale éblouissante. Certains vont sans doute formuler quelques critiques ça et là. Normal, on est en France le pays où la critique est un sport national. Pour ma part je n’en n’ai pas envie tant j’ai adoré cette aventure Destination Eurovision. En effet le spectacle qui nous a été proposé fut brillant et c’est ça qui compte. Les équipes qui se sont attelées à ce projet proposé par Matthieu Grelier à France Télévisions ont fait un travail remarquable et je tiens à les féliciter ainsi que tous ceux qui ont contribué à cette aventure.
Ils étaient 18 candidats retenus pour postuler à la victoire, et c’est finalement un duo, Madame Monsieur, qui nous représentera à Lisbonne avec une chanson évoquant l’histoire d’une petite fille née sur un bateau de migrants au milieu de la Méditerranée et prénommée « Mercy ». Evoquer dans une chanson un sujet humaniste mais très polémique depuis plusieurs mois en France comme en Europe était compliqué. Mais Emilie et Jean-Karl ont su le faire avec intelligence, sensibilité et générosité sans en faire trop dans l’émotion. Un juste dosage pour une chanson très actuelle dans sa musicalité et représentative de ce qui se fait sur la scène musicale française.
Que les autres candidats ne voient pas cette aventure comme une fin mais plutôt comme un début ou une suite de leur carrière. Ils ont tous prouvé qu’ils avaient du talent. Lisandro, Malo’, Emmy, Igit, Nassi, Max et Louka, mais aussi tous ceux que nous avons découvert en demi-finale, nous ont tous proposé des titres forts et agréables. Ça ne doit pas, ça ne mérite pas de s’arrêter là et on espère que ces titres vont continuer leur chemin, que les radios les diffuseront et que les gens les écouteront.
On a besoin de ce type de programme proposant des titres inédits en prime time. Il ne faut pas nous contenter d’émissions ressassant les covers des tubes passés. Est-ce que ce n’est pas lassant de voir le « Hallelujah » de Léonard Cohen rabâché à toutes les sauces, ou de regarder Images nous rechanter pour la dix-millième fois « Les démons de minuit » ? C’est pourquoi l’initiative de France 2 doit être poursuivie. Même si les audiences n’ont peut-être pas été à la hauteur des espérances de la chaine, le programme doit continuer et s’installer auprès du public qui doit retrouver cette curiosité musicale que la plupart des programmes de variétés actuels ont fait disparaître petit à petit à force de matraquage de toutes ces anciennes chansons qu’on connaît par cœur.
On avait tout à craindre d’une sélection française. On a fini totalement rassurés. L’organisation de l’évènement fut pratiquement parfaite du début à la fin et surtout très professionnelle dans la forme comme pour le fond. Les équipes de France 2 et d’ITV Studios France ont acquis tout au long de cette aventure un savoir-faire qu’elles sauront développer et enrichir pour l’an prochain. Quant aux eurofans français et européens, ils ont vécu tout au long du mois de janvier au rythme de l’évènement. On attend déjà avec impatience Destination Eurovision 2019.
Farouk Vallette
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