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Trois mois après la Finale, je me revois encore dans le centre de presse regardant avec incrédulité l’écran au moment des votes et voyant le Portugal filer vers la victoire. Une victoire que je ne comprends pas et qui reste à ce jour toujours un mystère pour moi. Pour autant, je ne m’en formalise pas contrairement à certains de mes camarades qui ont jeté leur écran de télévision par-dessus leur balcon en maudissant l’Eurovision, jurant que plus jamais ils ne s’intéresseraient à ce concours ringard qu’ils ont promis de ne plus regarder.
Certes, je suis un peu triste pour mon chouchou, l’Italien Francesco Gabbani, qui aurait fait un gagnant fantastique. Cette amertume s’est accompagnée de contrariété pendant la conférence de presse du gagnant. Face à moi, il y avait un Salvador Sobral dont j’essayais désespérément de faire une photo convenable et qui, entre grimaces et réflexions indigestes, me désespérait. Mes photos étaient toutes ratées. Sûr qu’avec Francesco, la conférence de presse aurait été mémorable et que j’aurais eu du mal à choisir quelques clichés parmi la centaine de bonnes photos que j’aurais prises de lui pour garnir ce magazine.
Mais cette déception est compensée par des larmes. Les larmes de mon camarade Dalécio et des Portugais présents sur place. Des larmes de joie et de bonheur. Cinquante ans qu’ils en rêvaient. Pour la première fois un artiste portugais a ramené le trophée du côté de Lisbonne. Oui, nos amis Portugais méritent cette victoire. Pour leur patience. Pour leur ténacité. Pour toutes les couleuvres qu’ils ont dû avaler depuis qu’ils participent à l’Eurovision. Je les revois encore pendant toutes ces années, portant fièrement des chemises aux couleurs de leur pays, leurs drapeaux à la main, se préparer pour ces demi-finales d’où leur représentant ressortait la plupart du temps en charpie. Alors j’ai félicité Dalécio et je lui ai fait la bise, car j’étais très sincèrement content pour lui.
Par contre, je suis bien triste pour Alma. Et j’en veux aux jurys. Heureusement que le public a apprécié la belle prestation de notre représentante. Mais franchement, c’est rageant de ne pas être dans un Top 10 où nous avions notre place. 12ème c’est cependant un résultat honorable. Après la 6ème place d’Amir, la France se maintient. Quand je vois nos voisins Allemands ou Espagnols, je me dis que l’Eurovision est parfois bien cruel et qu’une 12ème place est toujours bonne à prendre.
Il paraît que l’an prochain on fera en France une sélection nationale. Ça ne m’emballe pas car ça me rappelle de mauvais souvenirs. Et puis je me méfie du public français, aux goûts si particuliers et parfois aux antipodes de ce que les Européens apprécient, et des jurys professionnels français qui, s’ils ne connaissent pas bien les mécanismes du concours, sont capables d’encenser un Manel Navarro français. C’est pourquoi je soutiens l’idée de demander leur avis à des jurys internationaux. Cette inquiétude est sans doute prématurée. Attendons de voir ce que ça va donner.
Ce concours 2017 ne devrait pas rester dans les mémoires. Peut-être se souviendra-t-on de la victoire de Salvador Sobral, ce chanteur fragile et tourmenté, mais probablement pas de sa chanson dont il est impossible de fredonner l’air. Après la tornade Conchita et le succès de Måns, le concours est retombé comme un soufflé avec Jamala et Salvador Sobral dont les chansons n’ont pas rempli les playlists des radios européennes (sauf bien sûr dans leur pays et éventuellemnt dans les états voisins).
L’an prochain, l’Eurovision va planter son chapiteau à deux pas de l’océan Atlantique, sur les rives du Tage, dans un pays ensoleillé qui me fera oublier Kiev et ses flocons de neige. Alors vive Lisboa 2018 pour me consoler de Kiyv 2017 !
Je ne peux terminer cet édito sans vous faire remarquer que le Coco a pris du muscle cet été. Il passe en format A4. Un format qui est l’apanage des grands magazines dont il fait désormais incontestablement partie. « Il prend le melon, Farouk ? ». Ben oui …
Farouk Vallette
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