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Encore quelques jours et le concours Eurovision 2015 aura livré sa vérité. Conchita Wurst va remettre sa couronne et son sceptre à un nouveau gagnant qui ne devrait pas (sauf énooorme surprise) être Autrichien. Son règne aura sans doute été le plus flamboyant et le plus exceptionnel de toute l’histoire de l’Eurovision et son successeur, quel qu’il soit, aura du mal à prendre sa suite. Déjà les bookmakers s’activent et des noms circulent avec une tendance laissant entendre qu’on a de bonnes chances de retourner nous les geler dans le nord.
La Suède est (encore) le gros favori de ce concours. Notre camarade Ethan ne disait pas autre chose dans le podcast 49 du site eurovision69.com : « Måns n’avait pas fini de chanter dans sa demi-finale qu’on savait déjà qu’il gagnerait le Melodifestivalen, qu’on savait déjà que la première place du concours lui était quasiment promise. C’est une performance qu’on peut comparer à celle de Rybak, de Loreen ou d’Emmelie de Forest. Evidemment rien n’est jamais joué d’avance. On n’est pas à l’abri d’une prestation azérie magique, elle aussi, mais ça sent quand même très bon pour Stockholm 2016 ».
La dynamique du concours est clairement dans le nord, car, outre la Suède, la Norvège a elle aussi de solides arguments à faire valoir. En effet la ballade de Mørland & Debrah Scarlett est magique et envoutante et surtout terriblement accrocheuse. N’oublions pas les Finlandais de Pertti Kurikan Nimipäivät, qui, du fait de leur handicap, pourraient attirer vers eux un grand nombre de votes de sympathie, même si la chanson, décalée et résolument punk, fait dresser les cheveux sur la tête de tout eurofan normalement constitué. Enfin, même si les Danois ne sont pas favoris pour la victoire, beaucoup pensent que leur chanson pop et joyeuse, très sixties, devrait accrocher le Top 10.
D’autres pays du nord (mais plus à l’est) sont cités. La Russie d’abord, nouvelle valeur sûre de l’Eurovision. Que voulez-vous les russophones sont partout ! Demandez aux Ukrainiens… Et même si elle ne gagne pas, personne n’imagine que la Russie puisse être en dehors du Top 10. La dernière fois que ça s’est produit c’était en 2011 avec une chanson bien moins bonne que celle que nous propose Polina Gagarina cette année. Ensuite, juste à côté de la grande Russie, la petite Estonie a de quoi défendre ses chances. La chanson pop d’Elina Born & Stig Rästa plait beaucoup et elle devrait être haut, très haut et pourquoi pas sur la plus haute marche du podium.
Si vous avez envie de vivre un Eurovision 2016 dans un pays ensoleillé alors il faut mettre vos espoirs dans deux pays du sud, qui sont en plus voisins, l’Italie et la Slovénie. Depuis qu’elle est revenue en 2011, tout le monde rêve de vivre un Eurovision en Italie et avec Il Volo nos voisins transalpins envoient une chanson qui n’est pas ce qu’il y a de plus actuel mais qui est à la fois puissante et mélodieuse, portée par trois garçons qui ont prouvé qu’ils savent chanter en live. Plus modeste, la Slovénie fait plutôt figure d’outsider. Le duo de Maraaya (trio si on rajoute la danseuse qui s’excite sur son violon imaginaire) a des atouts avec une chanson sophistiquée et une voix de blues comme on les aime depuis Adele et Duffy.
N’oublions pas les petits nouveaux, les Australiens, invités surprise de cette édition. Avec un titre pop aux sonorités groove très dansant et surtout très accessible (dans le style de Bruno Mars), Guy Sebastian pourrait créer une sacré surprise et un sacré buzz s’il remportait de concours.
Pour finir je ne peux m’empêcher de parler de la Belgique. Nos voisins d’outre-Quiévrain ont choisi le tout jeune Loïc Notet pour les représenter avec ce qui est sans doute la chanson la plus actuelle de ce concours, puisée dans d’univers de la Britannique Lorde.
Et la France me direz-vous ? Disons qu’après trois gros échecs, notre pays est sans doute un peu groggy. Il est donc en convalescence, comme une bonne partie du Big 5 d’ailleurs. La France vient chercher à Vienne une bonne place, un bon classement qui lui donnerait une nouvelle dynamique. Elle veut convaincre le public européen, qui nous boude, lui donner envie de voter pour nous et parvenir dans un avenir proche à enfin accrocher cette victoire qui nous fuit depuis 1977. Lisa Angell a du talent et une belle voix. Sa ballade est magnifique. Alors pourquoi pas une bonne place ?
Le reste du cru 2015 semble plutôt mou. Jamais on n’a autant chanté de ballades ou de chansons aux rythmes lents. Peu de prise de risque, peu d’originalité aussi. On a un concours lisse et petit à petit le côté enlevé et entraînant de l’Eurovision est en train de s’éteindre. Bref tout est de plus en plus formaté.
Et puis on n’a jamais autant chanté en anglais. Seuls six pays chantent intégralement dans leur langue. Le concours s’uniformise. Au point de devenir le British Song Contest comme dit Marianne James (qui commentera avec Stéphane Bern le concours sur France 2) ? Un peu sans doute. Ça nous manque de ne plus entendre de grec, d’estonien ou de néerlandais (certains me diront que pour le néerlandais je pousse un peu). On ne peut que féliciter les pays qui continuent de chanter dans leur langue.
Alors … Suède ? Norvège ? Estonie ? Italie ? ou encore Australie ? Actuellement ce sont les titres qui sortent du lot. Mais nous ne connaissons pas encore les mises en scène et les cartes risquent d’être complètement rebattues dès les premières répétitions, et peut-être qu’on verra, comme l’an passé, émerger un ou deux titres qui pour le moment sont passés inaperçus. C’est la magie de l’Eurovision.
Farouk Vallette
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