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« Australia, twelve points ». Ces quelques mots, nous avons des chances de les entendre pendant l’interminable cérémonie des votes du concours Eurovision 2015. Car oui, l’Australie va participer à l’Eurovision ! Mais l’Australie n’est pas en Europe… Non. A moins, comme cela avait été fait l’an passé au cours d’une séquence très drôle, de déplacer l’île pour l’amener au voisinage de l’Angleterre.
L’UER a donc surpris tout son monde en annonçant début février que l’Australie serait le 27ème participant de la grande finale de l’Eurovision 2015. Et elle ne déboule pas au concours par l’entrée de service, c’est par la grande porte avec les deux battants ouverts, car en plus elle votera pour les deux demi-finales (ce qui nous permettra d’apprécier le poids des diasporas installées du côté de Sydney). L’Australie est invitée uniquement pour cette édition 2015 et ne devrait pas revenir en 2016. Sauf si elle gagne, ce qui n’est pas impossible, les bookmakers en ayant déjà fait l’une des favorites de cette année avant même que la chanson ne soit connue. L’UER compte développer ainsi un nouveau concept en invitant une nation extra-européenne chaque année. Pourquoi pas ? On peut imaginer que l’Afrique du Sud pourrait suivre, ce qui est plutôt sympathique. Ne versons pas non plus dans l’angélisme. Derrière cette idée géniale il y a sans doute une histoire de gros sous et à n’en pas douter, la chaîne australienne SBS a dû payer très cher son ticket d’entrée.
Si l’arrivée de l’Australie est plutôt intéressante, elle alourdit un peu plus la grande finale, passée en quelques années de 24 ou 25 chansons à 27 et chacun reconnaît que c’est trop. L’UER peut-elle revenir à 25 voire 23 finalistes ? Techniquement ça rendrait la finale un peu plus digeste, mais il faudrait diminuer le nombre de tickets d’entrée accessibles à la grande finale, via les deux demi-finales, et là diplomatiquement ça ferait grincer des dents, surtout quand on essaye de faire revenir d’anciens participants qui ont déserté le concours.
Cette annonce prouve en tout cas que l’UER cherche à faire évoluer le programme et le concept de l’Eurovision. On aurait aimé que ça évolue aussi vers plus de transparence, car cette arrivée impromptue tombe un peu comme un cheveu sur la soupe puisque les autres pays avaient jusqu’à fin octobre, dernier délai, pour finaliser leur inscription alors que l’Australie arrive la bouche en cœur en février.
L’Europe de son côté a les yeux rivés sur les différentes sélections nationales qui se déroulent aux quatre coins du continent. Les formats de ces sélections sont variés. On a d’abord la sélection nationale simple avec un programme unique. Il y a ensuite les sélections à épisodes avec éliminatoires, demi-finales, repêchages et grandes finales. Visiblement cette formule de type Melodifestivalen a fait des émules en Europe avec A Dal (Hongrie), UMK (Finlande) ou encore Supernova (Lettonie). Les chaînes de télé n’étant pas gérées par des philanthropes, on peut supposer que ce type de programme est populaire dans les pays en question. Et puis il y a ceux qui se distinguent en sélectionnant l’artiste et la chanson séparément, ce qui semble une aberration.
Les eurofans sont donc très occupés les week-ends et parfois les choix sont cruels. Le samedi 14 mars ce sera sans doute un crève-coeur de devoir choisir entre la grande finale suédoise du Melodifestivalen, et la sélection norvégienne, le Melodi Grand Prix. L’hiver est cette saison au cours de laquelle l’eurofan n’a plus de vie sociale et vit pratiquement 24 heures sur 24 avec un écouteur connecté à son ordinateur portable pour écouter les dizaines, que dis-je, les centaines de chansons qui encombrent toutes ces sélections nationales. Car avec internet, la plupart de ces titres sont connus avant la diffusion télévisée de la sélection et nos amis eurofans ont donc viré de leur ipod les Pharrell Williams, Rihanna et autres One Direction, pour faire de la place à tous ces chefs-d’œuvre téléchargés sur tout le continent et qu’ils écoutent en boucle dans l’espoir de déceler celui qui va remporter sa sélection nationale et pourquoi pas le concours.
Il n’y a pas de chanson française dans ce paquet de chansons, car France Télévisions a préféré ne pas reconduire la sélection télévisée de l’an passé et faire son choix en interne. C’est donc Lisa Angell, avec une chanson sur les horreurs de la guerre « N’oubliez-pas » qui a été choisie. Cette chanson est aussi une chanson d’espoir, et l’espoir pour les eurofans français c’est de remporter enfin l’Eurovision ou au moins d’y être bien classé. Retrouver les joies du Top 10, savourer l’angoisse d’une cérémonie des votes où la France serait au « coude à coude » pour la victoire avec deux ou trois autres pays sont sans doute les émotions que chacun de nous aimerait vivre le 23 mai prochain. Lisa Angell nous l’a promis, elle donnera tout pour que ça arrive.
Farouk Vallette
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