(les membres du club peuvent se connecter pour télécharger la version itégrale)
Conchita Wurst. Qui peut aujourd’hui ne pas savoir qui est cette artiste ? Même au fin fond de sa campagne, votre grand-mère ne peut ignorer qu’elle chante, qu’elle porte à la fois une robe et une barbe et qu’elle a remporté le 59ème concours Eurovision de la chanson à Copenhague. Pendant les jours qui ont suivi son triomphe danois on n’a parlé que d’elle, en Europe, mais aussi dans le monde entier. Même les politiques s’y sont mis. C’est vrai que ça ne fut pas toujours très subtil. Certains membres du clergé orthodoxe ont été jusqu’à en faire la responsable des inondations qui ont frappé l’ex-Yougoslavie au printemps… Conchita serait-elle plus forte que les sept plaies d’Egypte ?
Même la France a succombé. Nos médias qui regardent généralement l’Eurovision avec une moue dédaigneuse ont à peine évoqué notre désastreuse (et historique) dernière place et se sont rués sur le phénomène. Aussi incroyable que ça peut paraître, on a vu Conchita sur toutes les grandes chaînes françaises. Oubliés les Lordi, qui avaient pourtant étonné notre petit monde médiatique hexagonal en 2006. Oubliée Dana International la célèbre transsexuelle israélienne qui fait désormais partie d’un lointain passé. Oubliées les brèves de dix secondes en fin de journal télévisé le dimanche pour annoncer le vainqueur du concours. Cette fois on a eu droit aux gros titres. Jamais dans nos rêves les plus fous nous n’aurions imaginé que la grande gagnante de notre concours préféré serait ainsi propulsée sur le devant des médias du pays et du continent.
Le concours Eurovision 2014 semblait un peu morne. Conchita l’a ébloui de sa présence. Grâce à elle nous irons en 2015 à Vienne, presque un demi-siècle après l’édition de 1967, pour un concours, le 60ème, qui ne pourra être qu’exceptionnel. Car l’Eurovision commence à devenir une vieille dame, certes toujours un peu étrange, souvent extravagante, mais plus que jamais incontournable, et qui malgré son âge vénérable continue à surprendre son petit monde.
Nous avons aussi une pensée pour les Twin Twin qui nous ont représentés cette année. L’Eurovision a été pour eux une belle aventure. Malgré leur classement final qui a dû les décevoir tout autant que nous, ils ont été à la hauteur. Sympathiques, généreux et chaleureux c’est l’image qu’on gardera d’eux. Ils vont continuer leur petit bout de chemin et voyager de scène en scène pour notre plus grand bonheur et on aura plaisir à aller les voir.
J’étais un peu déprimé le 10 mai dernier au soir, à l’annonce des résultats. Mais ce classement très injuste ne change rien à l’estime que je porte aux Twin Twin, et à Lorent, François et Patrick je veux dire « Je vais très bien, ne t’en fais pas, je vais très bien dans ma tête, et dans ma tête, y’a des boum, y’a des bim, y’a des bam, y’a des splash ».
Farouk Vallette
Archives | Retrouvez les archives du magazine sur la page archives.