cocoricovision #66

l’édito du rédacteur en chef

Ils étaient des milliers à avoir envoyé des chansons aux différents diffuseurs à travers l’Europe. Ils sont des centaines à avoir participé aux sélections. Et au final il en reste trente-sept. 37 qui ont le secret espoir de remporter le concours Eurovision de la chanson. Toutes les sélections ont donné lieu à d’intenses duels et de l’avis des spécialistes ce n’est pas toujours la chanson ayant le meilleur potentiel qui l’a emporté. Certains ont peut-être laissé passer là l’occasion de remporter le concours cette année. Tant pis pour eux.

Chacun va maintenant s’atteler à la présentation de son titre et s’efforcer de coller à sa chanson une mise en scène qui la mettra le mieux en valeur. Pour certains tout est déjà prêt, et pour d’autres il y a du boulot. Quant à celles et ceux dont la voix en live est parfois limite, il leur reste encore quelques semaines pour apprendre à chanter sans l’aide d’un ordinateur qui gommera toutes les faussetés et/ou choisir les bons choristes.

Et la France ? Après cinq semaines intenses entre le 26 janvier et le 2 mars, elle a décidé. Ce seront les Twin Twin qui défendront nos couleurs à Copenhague. Quelles sont les chances de Lorent-Idir, François-Djemel et Patrick ? Disons que statistiquement pour la victoire ça fait une chance sur 37 de l’emporter, soit 2,7%… C’est faible d’autant plus que les 36 autres participants vont vendre chèrement leur peau. Et la concurrence est rude, certains affichant un curriculum déjà bien rempli.

Commençons par nos voisins italiens. L’Italie envoie du lourd avec Emma Marrone. En à peine quatre ans, la blonde Emma a réalisé quatre albums, tous multi disques de platine, une quantité incroyable de singles pratiquement tous numéro un, et ses tournées ont été des triomphes. Le Monténégro lui aussi a choisi l’expérience avec Sergej Ćetković. Ce clone de Željko Joksimović a déjà une longue carrière derrière lui et une notoriété dans toute l’ex-Yougoslavie.

Passons à la Roumanie qui affiche depuis plusieurs années sa volonté de gagner le concours. Elle a choisi d’envoyer à Copenhague le duo Paula Seling et Ovi. Ils ont déjà représenté leur pays au concours. C’était en 2010 et ils avaient fini troisièmes. Ils ont l’expérience, un titre accrocheur et sont connus dans pas mal de pays européens. La Russie aussi envoie d’anciens participants : The Tolmachevy Sisters, des jumelles qui ont remporté en 2006 le concours … junior.

N’oublions pas celles et ceux qui après avoir longtemps et vainement tenté de participer au concours, ont vu cette année leur persévérance récompensée. Ainsi c’est à sa septième participation au Melodifestivalen que la suédoise Sanna Nielsen a enfin gagné le droit de représenter son pays au concours. Même chose pour le maltais Richard Edwards qui en était lui aussi à sa septième tentative. Le hongrois Andràs Kallay-Saunders a gagné la sélection de son pays à sa troisième participation, tout comme la moldave Cristina Scarlat. Et il y en a d’autres. On peut aussi avoir par le passé goûté aux joies d’une sélection nationale au sein d’un groupe. Au final une bonne douzaine d’artistes comptent une participation à une sélection nationale dans leur CV.

Le cru 2014 comporte aussi une ribambelle d’habitués des télé crochets et des plateaux de télévision, car passés par des émissions de type « Nouvelle star », « X-Factor », ou « The Voice ».

Bref le parcours des Twin Twin paraît presque atypique.

2014 est un concours qui semble ouvert. Pas de méga favori comme en 2009 (Norvège), 2012 (Suède) et 2013 (Danemark). Chez les bookmakers on cite bien volontiers une demi-douzaine de pays, mais pas la France. C’est pas grave. Dans un concours où beaucoup peuvent prétendre à la victoire, nous serions déjà très satisfaits si cette année on terminait dans la première moitié du tableau, et encore plus si nous accrochions le Top 10. Et puis on peut rêver. Si un costume blanc qui se transforme en robe rose a fait gagner la Lettonie en 2002, si des masques de monstres et des ailes qui se déploient ont fait gagner la Finlande en 2006, une moustache peut faire gagner la France en 2014. L’Eurovision est une compétition où tout est possible, même si ça semble impossible.

En tout cas, avec les Twin Twin nous avons des artistes avec un univers musical très plaisant. Il suffit d’assister à l’un de leurs concerts pour se laisser transporter. Ce sont aussi des garçons extrêmement sympathiques et généreux, qui en plus pratiquent l’autodérision, ce qui est très rare dans un pays où la plupart des artistes manquent cruellement d’humour. Ils ont la tête sur les épaules, et ont à cœur de bien faire et de représenter dignement notre pays, tout en faisant passer le message que l’Eurovision est avant tout une fête et que le plus important c’est de nous amuser. Nous sommes très contents qu’ils nous représentent et comme tout bon supporter nous les soutiendrons du mieux que nous pourrons. Donc le 10 mai prochain sortez les drapeaux et les moustaches et soutenez les Twin Twin. On yeah !

Farouk Vallette