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L’hiver est pour les amateurs d’Eurovision la saison des sélections. Une bonne vingtaine de pays ont opté pour une sélection télévisée, en un ou plusieurs rendez-vous. De quoi ravir tous les amateurs du concours qui vont pouvoir regarder et écouter de l’Eurovision jusqu’à plus soif pendant près de cinq mois. Internet a ouvert l’accès aux sélections nationales disponibles désormais en quelques clics. Avec cette montée en puissance des sélections nationales pendant la dernière décennie, des artistes qui n’ont jamais mis le pied sur la scène de l’Eurovision sont devenus en quelques années des icônes vénérées par les fans au point d’être même plus célèbres que ceux qui ont fait l’Eurovision comme le prouve la notoriété de Jenny Silver, Sanna Nielsen, ou Janet Leon, éternelles recalées du Melodifestivalen.
La France est très attendue pendant ces sélections, car notre diffuseur France 3 a décidé de renouer avec une sélection télévisée. Critiquée par certains médias pour son manque de transparence dans le processus de sélection, la chaîne a opté pour un nouveau format qui semble séduire les amateurs du concours, ravis de pouvoir intervenir un tant soit peu dans le choix de la chanson française. Trois chansons seront soumises au vote du public et d’un jury professionnel. Les chansons seront d’abord présentées le 26 janvier au cours de l’émission « Les chansons d’abord » animée par Natasha Saint-Pier, avant d’être diffusées dans des programmes courts pendant un mois. Le résultat sera annoncé le 2 mars.
L’annonce du nom des candidats, fin novembre, a agité le petit monde de l’Eurovision. Les artistes sont peu connus du grand public. Chacun s’est donc précipité sur le web pour pour faire leur connaissance et découvrir leur univers musical. Trois candidats, donc, et trois styles différents.
D’abord il y a les Destan. C’est un trio, formé de tout jeunes garçons. Ils sont dans l’air du temps depuis le triomphe des One Direction. A l’Eurovision contrairement à ce qu’on imagine, il n’y a pas eu tant de Boys Bands que ça. On se rappellera du duo letton, Walters & Kazha, moqués par l’entourage d’Ortal, mais qui avaient, eux, réussi à se classer à la 5ème place du concours à Kiev en 2005 et des néerlandais Re-Union, qui avaient brillamment qualifié leur pays pour la grande finale en 2004, performance jamais rééditée jusqu’à Anouk en 2013. Si d’autres pays ne proposent pas un groupe du même style, alors nos petits français ne passeront pas inaperçus et tous les espoirs seront permis pour obtenir un bon résultat.
Ensuite nous avons Joanna. Avec elle, la France retourne à ses fondamentaux, la chanteuse à voix interprétant une belle ballade. A l’Eurovision c’est ce qui nous a le mieux réussi. Ce n’est pas un hasard si au cours des quinze dernières années nos meilleurs résultats nous ont été obtenus par Natacha St-Pier (4ème), Sandrine François (5ème), et Patricia Kaas (8ème), toutes dans ce style. A n’en pas douter, c’est ce que les européens attendent et même espèrent de nous. Joanna a du talent et l’habitude de la scène et des plateaux télé. Elle possède donc tout ce qu’il faut pour séduire les téléspectateurs européens.
Et puis il y a Twin Twin, avec la chanson décalée de cette sélection. On le sait, avec ce type de chanson, « Ça passe ou ça casse ». Certes ce style ne nous a pas vraiment réussi au concours. On se rappelle des Fatals Picards en 2007. Si le grand public ne connaît pas encore les Twin Twin, les médias branchés, eux, en sont dingues. Mais à l’Eurovision l’intérêt du public pour les chansons fantaisistes a beaucoup diminué, même si la Grèce, qui l’an passé proposait un titre dans ce style, a fait un très bon résultat. S’ils gagnent la sélection, les Twin Twin devront venir avec une mise en scène originale dans la poche, car sans ça, c’est comme pour un soufflé, la chanson décalée s’écroule.
C’est donc au public français de décider. Il n’a pas le droit à l’erreur, et si des grincheux se plaignent du choix qui sera fait, il faudra leur rappeler que s’ils ne sont pas contents ils n’avaient qu’à voter.
Farouk Vallette
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