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Après deux ans de bons et loyaux services à la tête de la rédaction du Cocoricovision, Fabrice Biesbrouck a décidé de passer la main, et j’ai proposé de reprendre le magazine. C’est un sacré défi. En effet, avec le passage à la couleur, Fabrice a apporté au Coco une nouvelle dimension. Il en a fait un magazine reconnu et recherché, notamment pendant le concours, où il n’y a jamais assez d’exemplaires pour les délégations et les médias qui le demandent. A l’heure où la moindre nouvelle est répercutée en quelques minutes sur internet, où les sites consacrés au concours foisonnent, Cocoricovision se doit d’être un magazine qui propose des articles de fond tout en gardant une pointe d’humour et de légèreté. La part importante prise par les images dans notre société impose, aussi, qu’une large place soit dédiée aux photos. Bref, le Coco doit être un objet qu’on découvrira avec beaucoup d’intérêt et qu’on reliera toujours avec plaisir. N’oubliez pas que ce magazine ne vit que grâce à vos contributions, alors surtout n’hésitez pas à m’en envoyer. Un sujet original, une rencontre avec un artiste, des analyses de fond peuvent donner lieu à un article dans le magazine. Nous comptons sur vous. J’en profite pour remercier chaleureusement tous ceux qui ont contribué à ce numéro, que j’ai eu le grand bonheur de réaliser.
Ce numéro 64 fait le bilan du concours qui vient de s’achever, un concours qui aura été tout sauf surprenant, remporté avec une confortable avance par le Danemark. Succès danois tellement attendu, que les aficionados se désespéraient de lui trouver un concurrent sérieux. Ils ont cru le dénicher avec l’Azerbaïdjan, mais les efforts remarqués déployés par la délégation azérie pour mettre sa chanson en valeur n’ont pas suffit à empêcher Emmelie de Forest de voler vers une victoire qui lui était promise depuis longtemps.
Malheureusement l’aventure de la France à Malmö ne s’est pas bien terminée. Amandine Bourgeois a pourtant réalisé une prestation remarquable. Mais le résultat est là : 23ème sur 26 avec 14 petits points. Mais ce qui interpèle, c’est que c’est pire au televoting, puisque L’enfer et moi obtient l’avant-dernière place. La France n’arrive plus, et depuis bien longtemps, à séduire le public européen. Les chiffres sont implacables : en dix ans, nous n’avons atteint qu’une seule fois le top 10 au televoting. C’était avec Allez ola olé, 8ème en 2010, seule chanson ayant connu un réel succès commercial (première au classement des ventes de singles en France). Sinon, au televoting, tous nos autres représentants ont fini au-delà de la quinzième place avec des chansons qui ont, presque toutes, été des échecs commerciaux.
Cessons de rejeter sur les autres la responsabilité de nos échecs et d’invoquer les mêmes pitoyables excuses pour justifier nos mauvais résultats. Si les Français n’achètent pas les chansons qui les représentent au concours Eurovision, pourquoi reprocher aux Européens de ne pas voter pour elles ? On peut aussi, c’est facile, imputer cette situation à France 3. Mais, après tout, la chaîne fait avec ce qu’on lui propose. Le problème n’est-il pas ailleurs ? Quelles sont les motivations des maisons de disques à soumettre pour l’Eurovision tel titre et non tel autre ? A part une poignée d’artistes tournés vers l’international, la scène musicale française ne s’est-elle pas repliée sur elle-même ? Nos auteurs-compositeurs sont-ils encore capables de présenter une chanson qui plaira à l’ensemble du public européen ?
On dit la scène musicale française riche, diverse et dynamique. A elle de prouver son aptitude à proposer pour l’Eurovision des titres séduisants. L’Eurovision est avant tout un concours populaire. Pour gagner, il faut revenir aux fondamentaux, à savoir une jolie mélodie, un refrain entraînant, et une mise en scène efficace, le tout porté par un artiste talentueux. A la première écoute ça doit s’imposer comme une évidence. S’il faut écouter dix fois la chanson pour lui trouver des qualités alors on s’est trompé. On a su le faire en 2001 et en 2002. On peut le refaire. L’Eurovision 2014 devra être l’occasion pour la France de repartir sur une bonne dynamique et de redonner envie aux téléspectateurs européens de voter « France ».
Farouk Vallette
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