Introduction

Dans quelques instants, la messe aura été dite. Longue chevelure et costume noirs, pieds nus, émotion tangible et flocons de neige en prime, Loreen reprend « Euphoria », désormais Grand Prix Eurovision 2012, alors que défile le générique de fin et déjà le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier retentit pour achever une fois de plus dans la pompe cuivrée de ses trompettes impétueuses la transmission live du Grand Prix Eurovision de la Chanson Européenne crû 2012.

C’est à ce moment précis, alors que tout téléspectateur européen normalement constitué, la paupière tombante par la débauche de chorégraphies colorées et l’oreille bruissante d’accords musicaux inédits et de prouesses vocales osées, va s’occuper à consciencieusement écraser son oreiller douillet, que va s’animer, provenant des entrailles de tout eurofan, le germe d’une réaction conditionnée et inévitable qui, aux temps héroïques, allait faire se précipiter l’eurofan en question sur le premier fragment papetier en vue, et déverser sur ledit support diverses expressions de sentiments, impressions et autres pensées relatives à cette cinquante-septième édition du Grand Prix Eurovision.

Ce réflexe dépasse désormais les frontières des boudoirs des sommités de la question, et commence à se répandre dans les milieux bien informés non plus sous son substantif latinisant de « commentaris concourus eurovisionus », mais sous le nom vulgaire de syndrome du « qu’en pensons-nous ». Connaissant une phase d’alarme particulièrement critique aux alentours de la deuxième moitié du mois de mai, le réflexe en question provoque habituellement l’éclosion d’un panel particulièrement varié d’opinions hétéroclites et truculentes, bien senties ou parfaitement primesautières, s’échouant quasi immanquablement sur les rives de prises de positions irrémédiablement dogmatiques et tout au long des côtes du contradictoire le plus achevé, et nettement paradoxal.

 

L’année dernière, Eurofans bouleversait les habitudes, en dématérialisant le traditionnel bulletin de vote du sondage annuel. Tout en l’étoffant par ailleurs. Ces bulletins virtuels, une fois regroupés et précieusement compilés par l’aide efficace de Farouk Vallette, ont subi l’effroyable supplice de la moulinette de la synthèse.

 

En voici, morceaux croustillants, succulents ou bien fielleux à la clé, les grandes lignes liées par la sauce de commentaires parfois salés, parfois sucrés, quelquefois aigre-doux, mais jamais méchants…

Mais avant que de se lancer corps et âmes dans le tourbillonnant défilé chantant, et dansant, de cette Eurovision 2012, je tiens à remercier sincèrement tous les eurofans, de métropole, d’outre-mer, de l’étranger, voire d’ailleurs, pour leur participation, primordiale à ce sondage.

L’avènement du numérique dans la vénérable institution du « Qu’en pensons-nous » a à nouveau permis à nombre d’eurofans nouvellement promus de s’exprimer pour la première fois, et il convient de saluer l’initiative comme il se doit.

Bien entendu, la bataille des anciens et des modernes fait amicalement rage tout au long de vos commentaires laudatifs à l’excès, mielleusement douceâtres, franchement critiques ou définitivement acrimonieux sur vos bêtes noires irréfragables ou vos favoris irrévocables.

 

Cette année, nonobstant le recours au tout informatisé, la participation est en légère baisse, puisqu’au final, à la date fatidique, 87 bulletins ont été comptabilisés. Cette décrue est peut-être due au total abandon de la version papier, en place depuis au moins 1999. Incontestablement, il était temps, comme l’aurait chanté Virginie Pouchain, de moderniser la chose.

 

Vous en rêviez, Eurofans l’a fait ! Et il le refait !

 

En effet, le Concours en 2012 n’est plus le Concours que l’on a connu à compter de 2004, et encore moins celui de la fin des années 1990. Il a repris du poil de la bête en termes de renommée, et du poids en termes de fréquentation puisque le système des demi-finales instauré en 2004 a multiplié les candidats, tout en déblayant quelques bouses bien senties (chacun a encore en mémoire le douloureux souvenir auditif du « Celebrate » suisse de 2004…) ou en recalant des perles méconnues (qui ne sont pas toutes de culture, mais que chacun adore en secret dans son panthéon personnel).

Le phénomène de multiplication des pays candidats ne pouvait plus être ignoré, et depuis l’année dernière, « Qu’en pensons-nous » vous offre une revue de détail des demi-finales.

Le couvert est remis cette année, sous l’efficace houlette de Farouk Vallette, et comme l’année passée, cet effeuillage s’est voulu plus concis, puisqu’il vous fut demandé de commenter seulement deux chansons par demi-finale, contre un nombre variant entre trois et cinq dans la finale. Vous le voyez, encore une fois, on vous gâte !

 

Mais je bavarde, je bavasse et je ressasse ; il est grand temps de passer aux choses sérieuses…

 

En effet, que les fans français soient en extase eurovisuelle sur la RAI, la RTVE 1, France 3 ou l’O.R.T.F. canal historique, il est indéniable qu’ils savent mieux que quiconque apprécier, juger à sa juste valeur, et parfois brocarder leur émission favorite, et qu’en conséquence les eurofans ont considérablement de choses à nous révéler sur le composant essentiel du plus célèbre carrefour de la bluette paneuropéenne : la chanson.

En 2012, le nombre des participants est quasiment stable, puisque les deux demi-finales et la finale nous ont permis de goûter 42 alcoolats musicaux lors des trois soirées du Concours, grâce notamment au retour du Monténégro, et en dépit de la défection de la Pologne et de l’Arménie.

Mais seulement 26 propositions musicales eurent le droit de pousser les portes de la finale du samedi 26 mai 2012, 26 morceaux qui se succédèrent à un rythme soutenu sur la vaste scène azérie.

Et il est désormais largement temps de vous laisser le micro, chers amis eurofans, afin que vous exprimiez enfin vos irréfragables sentiments contradictoires, paradoxaux mais toujours complémentaires et édifiants à l’égard du Grand Prix Eurovision 2012, puisqu’il est exactement l’heure où retentit, en quadriphonie et en Eurovision, le célèbre sésame magique :

 

Et maintenant, place à la chanson !…