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Une nouvelle décennie est toujours un moment important dans une vie. Avant d’aborder la décennie 2020 je me suis retourné une dernière fois sur la décennie 2010, qui s’est achevée dans le froid de Gliwice. Une décennie qui nous aura apporté beaucoup de sensations, encore plus fortes quand on les vit de l’intérieur. Pêle-mêle me reviennent en mémoire d’in-croyables souvenirs. Düsseldorf 2011 avec ses soirées d’anthologie qui viraient parfois à l’émeute. Bakou 2012, mon entrevue avec le grand Željko Joksimović et la rencontre avec les Sinplus tellement sympa-thiques. Malmö 2013, ses Meet & Greet champêtres et les discussions sans chichi avec le Belge Roberto Bellarosa ou Stelios et Christos, deux des musiciens de Kóza Móstra. Copenhague 2014, la gaieté des Twin Twin et les interminables trajets quotidiens au bout du monde pour rejoindre la salle. Vienne 2015, le Concours le plus détendu avec ses volontaires hyper attentionnés et le gigantesque Euroclub. Stock-holm 2016 et l’incroyable dénouement à l’issue de la cérémonie des votes. Kiev 2017 et les larmes de mes amis portugais qui voyaient enfin leur plus beau rêve se réaliser. Lisbonne 2018, pour moi un concours raté mais heureu-sement sauvé par Destination Eurovision dont j’ai regardé la finale sur mon lit d’hôpital. Tel Aviv 2019 et ma bonne fée, le photographe Jack Guez, qui m’a apporté gentiment son secours quand je me suis retrouvé plusieurs fois en difficulté.
Qu’est-ce qui a manqué à cette décennie ? Une victoire fran-çaise évidemment. Celle qui m’aurait sans doute fait verser quelques larmes tout en faisant exploser mon cœur de bonheur. J’ai envie qu’on le gagne cet Eurovision ! Nous n’avons pas été heureux dans nos choix au cours de cette décennie. Mais la critique est facile après coup. Notre diffuseur fait avec ce qu’il a. Si nos artistes et auteurs-compositeurs ne s’investissent pas pour nous composer ce petit bijou qui fera l’unanimité aux quatre coins de l’Europe, on continuera à vivre des cérémonies des votes dans une ambiance morose, espérant limiter la casse pendant que les autres engrangent les points. Pourtant nos débuts encoura-geants à l’Eurovision Junior prouvent que la France a du potentiel.
Il n’y a pas de recette pour un succès à l’Eurovision. Un ga-gnant ce n’est pas seulement une bonne chanson et un ou des interprètes talentueux. Il s’ins-crit dans une compétition où il faut convaincre en trois minutes et où tout peut être remis en question à chaque instant. Un candidat venu de nulle part peut se révéler. Le favori qui fait la course en tête depuis deux mois peut s’écrouler. C’est ce qui fait que ce Concours passionne autant, à la fois ceux qui le suivent avec enthousiasme et ceux qui le dénigrent.
France 2 a choisi cette année notre représentant en interne, Tom Leeb, avec une chanson composée au départ en anglais par un trio d’auteurs-compo-siteurs suédois bien connus, puis adaptée en partie en français par Tom lui-même avec la complicité d’Amir. Que pouvons-nous espérer ? Difficile à dire en état, alors que les chansons ne sont pas toutes connues. On va attendre la mi-mars pour juger les qualités des titres en compétition afin de voir où nous nous situons. Quant à notre délégation, elle doit maintenant travailler à notre prestation. Ces dernières années elle a montré qu’elle était capable d’inspiration. À elle de trouver la mise en scène intelligente qui mettra le mieux en valeur notre chanson.
Farouk Vallette
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